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sport zero déchet à lille avec resport

A la rencontre de la première recyclerie sport & loisirs de Lille

Passionné de sport et engagé dans l’économie sociale et solidaire, j’ai rencontré Jean-Luc, Président de l’association Resport qui a ouvert sa recyclerie d’articles de sport à Lille Sud. Découvrez les étapes entrepreneuriales et marketing de ce lancement !

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Camille Devignes - Créatrice d’About Digital :
Peux-tu nous dire qui tu es et présenter Resport ?

Jean-Luc Vandeweghe – Président de l’association Resport :

Je m’appelle Jean-Luc et je suis Président de l’association Resport qui a ouvert sa recyclerie le 21 janvier 2022. Le but de la recyclerie est de faire du réemploi d’articles de sport et de loisir de seconde main. L’objectif est de créer de l’emploi solidaire à travers des dispositifs d’insertion professionnel et de sensibiliser le public au sport zéro déchet, à travers des animations de quartier, des débats citoyens et des interventions dans les écoles.

Interview Resport portrait Jean-Luc Vandeweghe par Camille Devignes About Digital

Comment t’es venue l’idée de lancer cette association ainsi que ce concept de recyclerie du sport ?

À l’été 2020 j’étais en reconversion professionnelle, je travaillais dans la communication et je souhaitais travailler sur un projet engagé et qui reflète ma passion pour le sport et le développement durable. Quand j’avais 20 ans j’avais le réflexe d’aller chez Emmaüs pour m’équiper en articles de seconde main en tout genre et encore aujourd’hui j’adore chiner et aller sur des marchés aux puces. Je me suis dit que l’on pouvait imaginer un concept similaire appliqué au sport. Je me suis alors renseigné et j’ai découvert qu’il existait des recycleries sportives en France. Je m’en suis inspiré et j’ai adapté ce projet de recyclerie sportive aux besoins de la métropole lilloise, le concept de Resport était né !

Et après l’idée, quelles ont été les grandes étapes de la création de Resport ?

J’ai d’abord cherché des partenaires potentiels dans la région lilloise. Je cherchais un accompagnement sur la partie conseil et sur le côté financier. L’association Maillage, une association lilloise qui accompagne les projets d’économie sociale et solidaire a répondu présent et m’accompagne depuis le début sur la partie conseil. Elle m’a mis le pied à l’étrier pour mettre en place les stratégies et les premiers contacts pour lancer l’association.
Sur la partie finance j’ai trouvé un accompagnement auprès de Passerelle et compétences.
Dans cette association, ce sont des experts bénévoles, anciens chefs d’entreprise ou des actifs qui donnent de leur temps pour accompagner les porteurs de projet. Ils m’ont aidé sur l’expertise en gestion et la mise en place des tableaux de bords et indicateurs. Finalement sur tout ce qui regroupe la mise en place du projet de manière théorique.

Pour tous ceux qui souhaitent se lancer sur un projet d’association autour de l’économie sociale et solidaire, peux-tu nous parler des aides et financements ?

La recherche de financement prend du temps. Quand votre projet est encore à l’état de rêve dans votre esprit et qu’il faut convaincre quelqu’un de vous accorder un financement, il faut le rassurer en travaillant à la fois son relationnel, sa rédaction et son argumentaire. C’est là que j’ai noté la différence entre la vision utopiste du porteur de projet et la vision pragmatique et concrète des structures qui apportent des financements.

Je suis dans un premier temps allé chercher des subventions auprès de la ville de Lille, la région Hauts-de-France et le département du Nord. Nous avons bénéficié du dispositif d’aide à l’innovation sociale par la Région Hauts-de-France, du dispositif Entreprendre autrement par la MEL.

Nord Actif nous a accordé un emprunt via le dispositif CAA (Contrat Apport Associatif) et la Fondations Jérôme Gayet un financement pour le fonctionnement de l’association. Jérôme Gayet était un entrepreneur dont le rêve était de créer une fondation pour aider les entrepreneurs dans leur création de projets à caractère social.

engagements resport lille

Quelle a été ta démarche stratégique et opérationnelle pour le lancement de Resport ?

Nous avons démarré petit à petit la communication sur le projet dès mars 2021.
La première chose que nous avons faite a été de mettre en ligne une page web qui présente le projet aux parties prenantes comme les collectivités, les partenaires privés et les distributeurs. Cette page d’information est devenue petit à petit une page vitrine. Une présence sur internet rassure et permet de donner plus de crédibilité à un projet. Nous avons commencé à y ajouter quelques infographies sur le réemploi des articles de sport, des photos de la recyclerie. L’objectif est d’en faire un site marchand pour des commandes en click and collect et montrer le catalogue de ce qu’on a en boutique solidaire.

Pour informer nos usagers nous avons créé une page facebook puis une page instagram. On y partage les collectes et les articles donnés et on répond aux questions. Et en parallèle, côté réseaux sociaux nous avons une page Linkedin qui est plutôt orientée projet, avec les valeurs métiers, ce qu’est l’économie sociale et solidaire, les enjeux de l’économie circulaire, les événements que l’on met en place, etc.

Et nous avons bien pris soin dans tout ça de travailler notre image de marque !

boutique recyclerie sportive resport lille

Je rebondis sur la marque, comment avez vous défini votre logo et votre identité de marque ?

Pour le nom de marque l’idée était d’évoquer le “re”. Le recommencement, recycler, recommencer, parer, employer, refaire du sport, utiliser un article, etc. Une fois le nom Resport trouvé et validé, il fallait se décider sur les couleurs. Dans le développement durable c’est souvent le vert qui est adopté. Nous avons fait le choix de nous démarquer et de partir sur une couleur plus dynamique et qui fasse écho au sport avec un orange chaud presque rouge qui est contrasté par du gris. Et pour rappeler le développement durable nous avons joué sur l’iconographie avec la reprise du fléchage circulaire qui évoque le réemploi d’un produit et l’utilité de consommer responsable aujourd’hui.

En base line (le slogan sous le logo) nous insistons sur le mot recyclerie et le 100% solidaire. Histoire de ne pas nous confondre avec les ressourceries qui sont des lieux généralistes de produits de réemploi comme Emmaüs et de rappeler que nous sommes avant tout une association dont l’objectif principal est de créer de l’emploi solidaire et de sensibiliser le public au sport zéro déchet.

Dirais-tu que le digital a impacté le lancement de ton association ?

Il est évident que le digital est incontournable ! Il y a sur internet un effet boule de neige plus viral que le bouche à oreille. Par exemple, on avait 240 abonnés sur Facebook, et suite au reportage sur TF1 sur Resport notre nombre d’abonnés a bondi à plus de 300. Nous avons ressenti cet impact aussi sur Instagram et sur Linkedin. Et beaucoup de personnes qui passent en boutique nous racontent qu’ils sont venus car ils ont vu sur internet la vidéo de ce reportage sur Resport.

Nous passons principalement par le digital pour informer et pour communiquer avec nos usagers. Nous recevons beaucoup d’appels venant du site internet où les gens nous demandent ce que nous proposons comme articles de seconde main.

Et sur la partie développement du projet, nous sommes plutôt partisans d’une communication de proximité avec les locaux et l’écosystème associatif de Lille Sud. Même si l’on se “voit” d’abord sur linkedin, on aime passer assez vite du digital au présentiel pour mettre en place des actions communes.

Est ce qu’il y a des chiffres côté marketing digital que tu suis pour piloter ta stratégie marketing ?

En tant qu’association nous n’avons pas cette pression de gagner de l’argent mais de transmettre notre raison d’être. C’est moins parlant que de suivre un chiffre mais nous allons suivre l’impact social de nos investissements. Qu’est ce que les gens retiennent de leur achat chez nous ? Est-ce que la seconde main les met en confiance ? Comment améliorer la boutique pour que les usagers continuent leur démarche d’achat de seconde main ? D’où viennent les usagers qui se déplacent en boutique ?
recyclerie sportive lille Resport la boutique

Tu es plutôt team salariat ou team entreprenariat ?

Plutôt entreprenariat, j’aime transformer mes idées en projet. J’ai toujours eu cette vision de construire les choses, de les bâtir. Aujourd’hui la recyclerie est lancée, j’espère transmettre le relai à quelqu’un qui la fera évoluer pour que je puisse me consacrer aux projets de l’association. Comme par exemple installer un atelier de réparation, démarrer les animations et des événements de collecte avec une sensibilisation sur le sport zéro déchet.

Que peut-on souhaiter pour Resport ?

Ce que je souhaite pour Resport c’est que les sportifs dans le quartier prennent l’habitude de s’équiper en seconde main avant d’acheter du neuf. Qu’on devienne un magasin comme un autre pour les habitants. D’autant que l’argent qu’ils dépensent chez Resport contribue aux projets futurs de l’association. Et j’aimerai également pérenniser les partenariats de collecte, car sans les dons nous ne pourrions pas exister. Il est important de transmettre le message : fouillez vos placards et ne jetez pas ! Ramenez-nous les articles de sport dont vous ne vous servez plus, nous pourrons en faire quelque chose.

D’ailleurs pour les dons, où trouves-tu tes articles de sport en vente à la recyclerie ?

J’ai différentes sources de collecte pour dénicher les articles vendus à la recyclerie. La première, c’est les entreprises. Le grand distributeur dans le Nord c’est Decathlon qui est très impliqué dans la démarche éco-responsable et aide les associations dans le réemploi d’articles de seconde main. La seconde source de collecte de dons c’est les collectivités à travers les clubs de sport. Les salles de sports se débarrassent parfois d’ancien matériel sportif pour en acheter du nouveau. On a alors l’occasion de récupérer ce matériel pour le mettre en vente. Et nous avons également des clubs privés et des particuliers qui nous transmettent des dons. Et parfois nous collaborons avec d’autres associations qui récupèrent par exemple du textile ou des chaussures de sport techniques.
Camille Devignes

Camille Devignes

Consultante marketing et communication