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Comment lancer avec succès sa boutique de mode de seconde main en plein covid ?

Lancer sa boutique de mode en plein covid, l’aventure de Clotilde

Je suis partie à la rencontre de Clotilde, gérante de la boutique Jolis Caprices à Lomme. Ancienne chargée de communication, Clotilde s’est lancée dans l’entreprenariat sur un secteur en pleine évolution : la mode de seconde main. Moi même cliente de cette jolie boutique où l’on trouve une superbe sélection de pièces de seconde main et des bijoux de créatrices locales, j’ai voulu en savoir plus sur l’aventure entrepreneuriale de Clotilde et revenir sur l’origine de son projet et son retour d’expérience après un peu plus d’un an d’ouverture de sa boutique !

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Camille Devignes - Créatrice d’About Digital :
Bonjour Clotilde, est-ce que tu peux te présenter ?

Clotilde Blas – Gérante de Jolis Caprices :

Bonjour, moi c’est Clotilde, je suis la gérante de la boutique Jolis Caprices que j’ai ouvert en septembre 2020, en pleine crise covid ! Avant de me lancer à mon compte j’étais chargée de communication, un métier qui m’a d’ailleurs bien aidé pour le lancement de Jolis Caprices. Mais je n’étais pas épanouie à 100% dans ma vie de salariée. J’avais envie de créer quelque chose qui m’appartienne, qui soit à mon image et d’être indépendante. J’aime beaucoup la mode et j’ai trouvé un concept en phase avec cette passion et une consommation éco-responsable : une boutique de dépôt vente de jolis vêtements de seconde main !

Jolis Caprices Lille

Comment t’es venue l’idée de lancer ta propre boutique de mode de seconde main ?

Entre l’idée et la concrétisation du projet il s’est passé à peu près 2 années. C’est d’abord venu d’un projet personnel, avec l’achat de ma maison, équipée d’un local commercial avec une belle vitrine sur la rue. J’avais la volonté d’ouvrir un commerce,
puis au fur et à mesure mon projet s’est précisé, pour aboutir à un concept de boutique de mode de seconde main. J’ai un peu fait les choses à l’envers par rapport au parcours classique d’un commerçant qui se lance !

Le choix du nom de son commerce ou de son entreprise peut être un véritable casse-tête, comment as-tu trouvé le nom Jolis Caprices ?

Ça n’a pas été facile, je me suis beaucoup creusée la tête et je suis passée par plein d’idées, tellement d’idées que le plus difficile ça a été de m’arrêter de chercher et de me décider ! J’ai choisi Jolis Caprices car pour moi chercher des vêtements et craquer pour des pièces sympa c’est comme des petits caprices, on se fait plaisir. Et “Jolis” car dans le concept de ma boutique, je sélectionne avec soin les vêtements que je vais mettre en vente, j’ai aussi beaucoup soigné l’ambiance et la décoration de la boutique. Et le plus important, l’achat d’une jolie pièce de seconde main est un joli geste pour la planète. Et dès que le nom a été trouvé, je me suis assurée qu’il n’était pas déjà pris sur les réseaux sociaux et j’ai acheté le nom de domaine en .fr et en .com !

Après validation de ton concept, quelles ont été les étapes pour la création de ton entreprise ?

Dans un premier temps j’ai eu une phase de recherches sur le marché de la seconde main : fonctionnement, logistique, législation, fixation de prix, etc. Il existe beaucoup d’infos sur les commerces de vêtements classiques mais sur la seconde main ça a été difficile. Cette phase de recherche et de montage de mon dossier à été donc assez longue mais vraiment nécessaire. Il est important de bien choisir son statut, de construire son projet, de savoir combien l’on met en investissement, sur combien de temps on va pouvoir le rentabiliser, estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Même si c’est difficile à prévoir, ces chiffres aident ensuite à la gestion de son commerce, même s’ils ne reflètent pas toujours la réalité. Après ce travail, que j’ai fait en parallèle de mon activité en salariat, il a fallu oser me lancer et quitter mon poste en CDI pour me consacrer à mon projet d’entreprise à 100%.

boutique jolis caprices
La phase suivante a été plus physique ! Avec mon mari nous avons fait beaucoup de travaux dans le local commercial qui avait besoin d’un bon rafraîchissement. Nous avons tout refait du sol au plafond. Après être passée de comptable, à juriste, en tant que future gérante j’ai aussi endossé le rôle d’architecte ! Pour pouvoir lancer ma boutique j’avais besoin de l’officialiser en tant que local commercial. J’ai dû faire des plans d’aménagement, respecter les normes de sécurité, d’accessibilité,et faire valider mon dossier auprès de la mairie. Ces démarches prennent du temps et la mairie peut prendre plusieurs mois avant de valider un dossier. La crise covid est arrivée et être propriétaire de mon local a été une vraie chance ! J’ai pu avancer sur les travaux à mon rythme pendant le premier confinement. Et j’ai pu retarder l’ouverture de la boutique au mois de septembre, une fois que tout le monde était rentré de vacances ! Chose que je n’aurais pas pu difficilement faire si j’avais été locataire du local commercial.

Comment s’est passée la préparation du lancement de Jolis Caprices en termes de communication ?

Je savais que la communication était très importante, voire même indispensable, puisque c’était mon métier. Dès le début j’ai travaillé sur un plan de communication, une identité visuelle, une image de marque, etc. J’y ai vraiment mis beaucoup d’énergie, je ne voulais pas me lancer avec une communication un peu bancale. Pour l’identité de marque et le logo généralement on passe par un graphiste. De part mon métier précédent j’avais les compétences pour le faire moi même. J’ai passé des heures sur mon futur logo pour qu’il reflète un côté fleuri et féminin pour associer mode et écologie. Pour les observateurs, il y a une petite subtilité dans le logo, le J et le C de Jolis Caprices forment un cintre. J’ai également réfléchi aux couleurs que je voulais utiliser, à la police d’écriture, aux messages et aux idées de slogans.
vitrine commerce

Côté réseaux sociaux, j’ai commencé à rédiger et publier des posts avant d’ouvrir la boutique. J’avais déjà créé une page Instagram sur laquelle j’ai préparé l’ouverture de la boutique en faisant du teasing à travers des infos sur la seconde main, la mode, des chiffres, et en révéler un peu plus sur le concept pour capter des personnes intéressées et créer une petite communauté. Mes posts sont aussi diffusés sur Facebook, ce qui me permet de toucher une clientèle différente de celle présente sur Instagram.
J’ai créé un site vitrine sur internet. Se lancer dans la création d’un site internet n’est pas une mince affaire quand on ne s’y connaît pas ! Il y a pleins de choses à savoir sur l’hébergement, la partie création en elle-même, le référencement, etc. Même s’il existe des plateformes comme WIX qui sont plus faciles à prendre en main j’ai choisi de faire un site sur wordpress, qui est beaucoup mieux pour le référencement sur Google. Depuis l’origine de Jolis Caprices j’ai eu pour idée de me lancer dans l’e-commerce, J’ai anticipé ça dans la création de mon site web et j’ai choisi un thème qui me permet de passer facilement d’un site vitrine à un site marchand le moment venu.

Pour le lancement de ma boutique, ce qui a fait toute la différence c’est la presse ! J’avais fait un communiqué de presse mais je pense que c’est le bouche à oreille qui a amené les journalistes jusqu’à ma boutique. Et dès la sortie des articles dans Lille Actu et Vozer sur Jolis Caprices j’ai vu mon nombre d’abonnés croître sur les réseaux sociaux et beaucoup, beaucoup de monde arriver en boutique. Et les 100 premiers clients ont pu repartir avec un cadeau : un tote bag Jolis Caprices !

Est ce que côté digital il y a des chiffres que tu surveilles pour piloter ton activité ?

Je regarde surtout les chiffres que je reçois de Google mybusiness, ceux concernant ma fiche google. Je peux voir combien de personnes ont cliqué sur le lien du site web ou demandé l’itinéraire pour se rendre en boutique. Cette fiche google mybusiness, fait partie des indispensables côté digital quand on ouvre un commerce. J’y ai mis des photos et un maximum de renseignements. Car aujourd’hui quand les gens cherchent quelque chose ils vont sur Google. J’ai prévu de suivre des indicateurs sur mon site internet dès le lancement de la partie ecommerce. Aujourd’hui j’ai juste des alertes de mon hébergeur qui m’indique qu’il y a trop de visites sur le site internet quand j’ouvre les prises de rendez-vous pour les dépôts de vêtements ! Et côté réseaux sociaux je suis beaucoup les chiffres sur mon compte Instagram pour l’audience et l’évolution du nombre d’abonnés.
Illustration communication digitale jolis caprices

Est-ce que le digital a un impact sur ton business ?

Sans les réseaux sociaux je pense que j’aurai dû fermer. Ma boutique ne se trouve pas dans une rue passante. J’ai besoin d’attirer les gens en boutique, les informer sur les styles qu’ils recherchent, les tailles disponibles, les nouveautés, etc. Le digital a un véritable impact sur mon business et est indispensable !

Et du coup, combien de temps consacres-tu à la création de contenu pour animer tes réseaux sociaux ?

Ça fait partie intégrante de mon quotidien. Je dois y passer au minimum une heure par jour. Il faut dire que derrière chaque publication il y a beaucoup de travail. Tous les articles que je rentre en boutique sont pris en photo, je crée des looks du jour, il faut aussi faire des retouches photos, rédiger les textes des posts et trouver de nouvelles idées pour se renouveler. Et pour la partie vidéo c’est encore plus prenant en termes de temps ! Il faut traduire ses idées en petit scénario, les filmer, et faire le montage ! J’utilise des applications de montage vidéo sur smartphone. Et côté matériel j’investis au fur et à mesure de mes besoins, pour le moment j’ai un trépied avec éclairage intégré et je me sers de mon téléphone pour les photos et vidéos.

creation contenu commerce
Sur Instagram je suis sur un rythme d’un post et plusieurs stories par jour. La régularité est indispensable ! J’ai pu voir la différence quand je suis partie en vacances, dès qu’on s’arrête de poster, l’algorithme nous fait perdre en visibilité. C’est un travail qui peut être parfois ingrat, il est très difficile de prévoir l’audience que l’on va avoir sur un post. Et je ne programme pas mes posts à l’avance, j’aime penser mes looks et donc le contenu de mes posts en fonction des articles que je reçois.

Est-ce que tu peux m’en dire plus sur tes collaborations avec des créatrices locales ?

Ce concept de collaborations avec des créatrices je l’ai lancé dès le début. Je trouvais que c’était vraiment complémentaire de mettre en lumière le travail de créatrices, entrepreneures comme moi. Au début, j’ai pris contact avec quelques-unes d’entre elles sur Instagram et j’ai commencé avec 5 créatrices. J’applique le même fonctionnement que le dépôt vente de vêtements, les créatrices me mettent à disposition des bijoux que j’expose en boutique et je touche une commission sur ce que je vends. Aujourd’hui la boutique est plus connue et c’est plutôt les créatrices qui viennent à moi. Ce que je trouve vraiment chouette c’est le côté gagnant-gagnant. Elles gagnent en visibilité auprès de ma communauté et inversement ! Les créatrices avec qui je travaille sont toutes du Nord. Pour moi c’était important de les rencontrer, d’échanger et de garder un lien de proximité. Et comme moi, les clientes apprécient de participer à l’économie locale.
boutique jolis caprices

J’ai vu que tu t’étais lancée dans la stratégie d’influence, est ce que ça a boosté ta visibilité et tes ventes ?

Le plus dur c’est le premier contact. Ils ont une très grande communauté et doivent avoir énormément de demandes. Lille by Mat’ est venue chez Jolis Caprices grâce au bouche à oreille ! J’ai eu la chance de « connaître quelqu’un qui connait quelqu’un”. Elle a adhéré au concept et est donc venue déposer des vêtements à vendre. Elle en a parlé à sa communauté et ma visibilité a explosé. Je savais que ça fonctionnait comme ça mais je n’avais pas réalisé que ça allait être aussi efficace. En plus Lille by Mat a une communauté locale, qui peut donc se rendre en boutique, et avec des valeurs en adéquation avec le concept de la boutique : mode et éco-responsabilité. J’ai ensuite collaboré avec Mary B et Sosoomao. Avec ces 3 collaborations j’ai triplé mon nombre d’abonnés (de 1000 à 3000 abonnés à l’époque). Ça m’a donné beaucoup de visibilité, et ça m’a permis de me faire connaître. Et j’ai eu pleins de nouvelles visites en boutique ! C’est vraiment un très bon moyen de communication, le tout étant de réussir à se mettre en contact avec elles.

Pour conclure cette interview, si on faisait aujourd’hui un petit match vie d’avant (salariat) VS vie maintenant (entreprenariat), qui remporte la manche ?

C’est l’entreprenariat qui l’emporte ! Je n’ai aucun regret à m’être lancée. Il y a certes quelques inconvénients comme le fait qu’il n’y a pas de sécurité sur le plan financier. Si demain je ne fais pas de ventes, il n’y a pas d’argent, et pas d’argent pas de salaire. Après ça amène un petit côté challengeant. Ce qui me manquait aussi en étant indépendante c’était l’ambiance avec les collègues, mais avec l’embauche d’une première employée récemment je retrouve la stimulation du travail en équipe ! Et côté avantages, le gros plus c’est la liberté. J’organise comme je le souhaite mes journées, je choisis ce que je vends, ce que je mets sur les réseaux sociaux, quels projets je vais travailler. C’est vraiment ce qui me manquait quand j’étais salarié. Aujourd’hui je suis heureuse d’avoir créé quelque chose à mon image et qui m’appartienne. Et savoir que les gens viennent chez Jolis Caprices pour ce projet que j’ai entièrement créé, c’est mon plus bel accomplissement.
Si vous ne connaissez pas encore Jolis Caprices, n’hésitez pas à faire un tour en boutique au 578 Av. de Dunkerque à Lille ou à découvrir les pépites sélectionnées par Clotilde.
Camille Devignes

Camille Devignes

Consultante marketing et communication